Lorsque l'on considère l'accès à l'éducation, aux opportunités professionnelles et aux activités culturellement stimulantes, personne ne remet en question les droits des citoyens enfants et adolescents. Il est considéré comme positif pour un enfant de visiter un musée ou d'apprendre à jouer d'un instrument de musique, et essentiel pour ces enfants et adolescents d'aller à l'école et d'avoir accès par la suite à des opportunités professionnelles. Ce n'est que dans le cas des mineurs en situation irrégulière, notamment lorsqu'ils sont non-accompagnés, que l'accès à ces ressources et expériences fondamentales est remis en cause.
Dans de nombreux pays, dont la France, le nombre de mineurs non accompagnés qui n'ont pas accès à ces droits est ahurissant. Le chiffre exact est inconnu en raison de plusieurs facteurs cumulés, notamment la traite des êtres humains et la disparition de nombreux mineurs non accompagnés après le refus administratif de leur statut de mineur. Pourtant, lors de la première période de confinement COVID-19 en 2020, plus de 300 ont été livrés à eux-mêmes dans la rue à Paris et aux alentours, sans accès à ces droits fondamentaux. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a été contrainte d'intervenir lorsque le statut de minorité d'un enfant refusé dans région française le contraint à l'itinérance vers d’autre régions, au cours de la même période. Ce n'est pas la première fois que la France, ou un pays européen, est condamné pour des raisons similaires par la Cour EDH. La France est un pays où les idéaux intellectuels sont vénérés et les lois nationales, en plus des traités internationaux auxquels elle est partie, accordent à tous les enfants et adolescents, quel que soit leur statut d'immigration, le droit d'aller à l'école. Lorsque l'on considère ces facteurs, il devient clair que le traitement des mineurs non accompagnés est en contradiction avec ces valeurs.
Chez Soul Food, nous constatons chaque jour comment l'accès aux opportunités éducatives, culturelles et professionnelles peut changer la vie de quelqu'un, entraînant un résultat positif pour la communauté dans son ensemble. Notre programme de développement professionnel ouvre des portes aux jeunes membres de Soul Food – qui entrent tous en France en tant que mineurs non accompagnés – qui auraient autrement été exclus de la course professionnelle jusqu'au sommet de leur carrière et, dans certains cas, n'auraient même pas eu le choix de choisir leur métier. Visiter les musées avec nous et les jeunes locaux, donne aux jeunes membres l'opportunité de sortir de la réalité marginalisée que la plupart d'entre eux vivent au quotidien. Un changement positif est visible. Une intégration positive est réalisable. C'est à travers ces expériences et interactions qu'ils améliorent leur français (et parfois leur anglais), trouvent de bons emplois – des emplois fiables, dans des établissements prestigieux et avec des personnes bienveillantes – et stabilisent leur existence tellement mouvementée par ailleurs. Grâce à ces opportunités et expériences, ils peuvent devenir des membres actifs de la société, découvrir la culture française et européenne sans mettre de côté leurs propres racines culturelles et s'intégrer positivement en France. Avec le temps, à tout le moins, ils deviennent des participants autonomes et actifs de la société française, mais beaucoup continuent à contribuer à la société de manière plus profonde.
En encourageant ces jeunes à étudier et à explorer leurs intérêts professionnels, nous en avons vu beaucoup exceller. Ils sont capables de prendre ce qu'ils savent déjà et de développer quelque chose de plus innovant avec les compétences qu'ils acquièrent en France. En étant exposés à l'art, à la musique et à d'autres stimulants culturels, ils disposent de l'espace dont ils ont besoin pour s'exprimer, surmonter les traumatismes et trouver l'inspiration dont ils ont besoin pour trouver des idées et des solutions créatives.
Alors que la plupart des États ont reconnu des droits aux mineurs non accompagnés qui correspondent à ceux des enfants et adolescents nés dans le pays, en conformité avec le droit international, il reste encore un long chemin à parcourir avant que ces déclarations ne correspondent à la réalité. L'intégration positive doit inclure un accès égal aux opportunités éducatives, professionnelles et culturelles. Devraient également être pris en considération la culture, les intérêts et le potentiel d'un individu, ainsi que son pays d'origine, son niveau d'éducation, sa santé mentale et sa situation familiale. Cette approche favorise non seulement l'intégration positive des mineurs non accompagnés, mais elle favorise également l’intérêt général de l'État. Cette approche serait en effet vesteur de paix et de justice sociale, d'innovation, de stabilité, de productivité. Par conséquent, en tenant compte de ces éléments, les États privilégient également par nature leurs propres intérêts, ainsi que les intérêts des mineurs non accompagnés. Alors que les flux migratoires continuent d'augmenter (le HCR a signalé 68,5 millions de personnes déplacées de force dans le monde en 2017 et 82,4 millions en 2020, et l'OIM a signalé un total de 271 642 105 migrants dans le monde en 2019, contre 248 861 296 en 2015 et 220 781 909 en 2010), trouver des solutions globales est à la fois une option humaine et apparemment la seule qui garantisse la réalisation des intérêts des États.
Les pays ont besoin de solutions créatives pour aider les mineurs non accompagnés et les autres populations migrantes et réfugiées à s'intégrer de manière positive. Sans cela, les tensions ne feront que s'intensifier à mesure que les vagues de migration continueront d'augmenter. L'assimilation n'est pas la voie à suivre et le déni non plus. Les mineurs non accompagnés doivent se sentir les bienvenus. Ils doivent fréquenter l'école régulièrement et avoir accès à des opportunités culturelles et professionnelles afin qu'ils puissent contribuer à créer un avenir meilleur pour nous tous.
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